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Lors des prochains Jeux Olympiques à Paris, les équipes olympiques auront un Welfare Officer dans leur délégation. Nous avons échangé avec Paul Wylleman, Welfare Officer et psychologue du Team Belgium à Paris. Et nous commençons par la question la plus évidente : "Que fait un Welfare Officer ?" 

"En général, on peut dire qu’un Welfare Officer prend toutes les mesures raisonnables pour veiller à ce que le bien-être de tous les membres de la délégation soit priorisé et assuré de manière responsable. Cela concerne le bien-être physique, mental et social, et ce, aussi bien pour les athlètes que pour les entraîneurs, les membres du personnel et autres membres de la délégation du COIB." 

Cela semble en effet être une tâche assez vaste pour le Welfare Officer. 

"C'est exact. En préparation des Jeux, il y a non seulement des discussions continues avec le Chef de Mission, Olav Spahl, et le Chief Medical Officer, Johan Bellemans, mais nous partageons également autant d'informations et d'outils que possible concernant le bien-être. Avec les entraîneurs et les directeurs techniques, nous le faisons lors des réunions mensuelles, Olympic Coaching Platforms, avec l'équipe médicale et les kinésithérapeutes, nous avons des sessions spéciales dirigées par Johan, et pour les psychologues du sport, cela se déroule depuis début 2023 via le programme P5 (Psychological Preparation and Performance for Paris and Post-Olympic Games, red.).” 

Est-ce que le rôle d’un Welfare Officer est pratiqué de la même manière dans chaque pays ? Comment cela se passe-t-il dans les autres pays ? 

"Nous avons pris l'initiative avec le Team Belgium d'aborder ce sujet au niveau international et en concertation avec d'autres Comités Nationaux Olympiques (CNO). Par exemple, en collaboration avec le Brussels Olympic Research and Education Centre (BOREC), nous avons organisé un séminaire de deux jours sur l'accompagnement psychologique lors des Jeux, avec la contribution de psychologues du sport liés aux CNO de Norvège, de Suède, de Finlande, du Danemark et des Pays-Bas. Durant la réunion des médecins en chef du 'Club des 6' (la collaboration entre les CNO du Brésil, de la Norvège, de la Suède, de la Suisse et de la Belgique), notre Chief Medical Officer, Johan Bellemans, a explicitement inscrit le thème du bien-être mental à l'ordre du jour. En février, nous avons également organisé en collaboration avec l'ANOC, l'association de tous les CNO du monde, un webinaire en ligne sur le rôle du Welfare Officer lors des Jeux Olympiques, avec des présentations des CNO des États-Unis, du Brésil, du Japon, de l'Afrique du Sud, des Pays-Bas et de la France. À travers mes récents contacts individuels avec les Walfare Officer de pays comme la France, le Japon, le Portugal ou l'Islande, cela m’a permis de constater que chaque CNO s'efforce, à sa manière, de développer sa propre approche du bien-être de la manière la plus optimale possible. 

Comment le Team Belgium envisage-t-il de remplir la fonction de Welfare Officer ?  

Le Welfare Officer coordonne et travaille en étroite collaboration avec le Safeguarding Officer et les psychologues du sport. De cette manière, nous offrons déjà à tous les membres de la délégation un réseau de points de contact. Le Safeguarding Officer a pour mission de fournir un soutien et d'assurer le suivi en cas de signalement d’harcèlement et d'abus au sein de la délégation. Il s'agit d'une fonction importante qui est conforme au Code éthique du CIO et dans l'objectif du CIO de garantir un environnement sûr pour toutes les délégations pendant les Jeux." 

Pour le Team Belgium, Nicky Van Rossem s'est préparée à cette fonction grâce à une formation spécifique. Par le biais de réunions quotidiennes, le Welfare Officer restera en étroit contact avec les acteurs concernés et, si nécessaire, dirigera le Safeguarding Officer et les psychologues sportifs dans le suivi et le soutien des athlètes, des entraîneurs ou d'autres membres de la délégation. Le Welfare Officer maintient également le contact avec les « experts at home », tels que les psychologues du sport qui ont contribué à la préparation des athlètes, des équipes et des entraîneurs, ainsi qu'avec le Brussels University Consultation Center qui peut fournir un soutien psychologique clinique supplémentaire dans le contexte familial." 

"Étant donné que le bien-être comporte toujours des défis dans divers domaines, le Welfare Officer travaille bien sûr en étroite collaboration avec le Chief Medical Officer, Johan Bellemans, et son équipe (para)médicale, avec les High Performance Managers, Bob Maesen et Philippe Préat, ainsi qu'avec les membres du Team Belgium sur place et à domicile. L'approche du Team Belgium consiste donc à fournir un accompagnement et de soutien avec une approche holistique et interdisciplinaire pendant et après les Jeux Olympiques, sur place ou à domicile. Comme d'autres CNO, le Team Belgium a choisi un psychologue du sport possédant des qualifications cliniques et une vaste expérience en tant que psychologue d'équipe lors des Jeux Olympiques en tant que Welfare Officer. Si nécessaire, le Welfare Officer peut également fournir les premiers soins en cas de crises, d'événements traumatisants ou de problèmes cliniques." 

Quels défis voyez-vous encore pour le Welfare Officer ? 

"L'accréditation d’un Welfare Officer lui permet d'être directement disponible sur les différents sites olympiques, tels que le village olympique, les zones d'entraînement ou de compétition, dès l'ouverture jusqu'à la fermeture du village olympique. Avec un soutien qui ne se limite pas uniquement à nos athlètes mais qui s’adresse également à nos entraîneurs, à nos experts médicaux et paramédicaux, ainsi qu'à d'autres membres du personnel, une présence ne sera pas toujours réalisable partout et à tout moment. Une collaboration intensive au sein de la délégation reste donc cruciale. Récemment, nous avons d'ailleurs testé cette collaboration à travers un processus de gestion de crise. Une communication directe et numérique rapide, continue et claire, combinée à la formulation de recommandations concrètes à l'intention du Chef de Mission, est une condition absolue. Je suis heureux que nous puissions également offrir cet accompagnement à nos juges et arbitres belges travaillant lors des prochains Jeux Olympiques." 

« Nous avons également développé et partagé plusieurs outils et procédures concernant le bien-être, tels que le protocole 'S6' (Situation, Safety, Support, Specialists, Step-by-Step, Structure ; red.) pour parvenir rapidement à une première évaluation d'une situation ou du bien-être d’une personne. De plus, nous avons également élaboré une liste de contrôle « Hitte » afin de permettre aux athlètes, aux entraîneurs et au personnel la possibilité de se faire une idée de l'impact possible de la chaleur pendant les Jeux sur leur bien-être cognitif, émotionnel, physique et social, ainsi que sur leurs performances. En outre, nous avons également 'RAPID' (Respond, Allow, Plan, Identify, Do ; red.) comme forme de communication dans les situations de forte tension ou d'émotions élevées. Parallèlement, notre soutien et notre accompagnement ne se limitent pas à la période des Jeux eux-mêmes. En collaboration avec les psychologues du sport, nous avons abordé des thèmes spécifiques pour les entraîneurs, tels que des conversations difficiles ou inconfortables et s’assurer de leur repos, de la récupération et de la conservation de l'énergie. Nous attendons également avec impatience les podcasts sur le bien-être mental qui ont été développés à la demande de la Commission des Athlètes du COIB." 

"En fonction de la période qui suivra les Jeux, un « hot debrief » sera organisé pour donner à nos athlètes, entraîneurs et membres du staff une idée du soutien que nous pourrions leur proposer à domicile, par exemple via l'intermédiaire de psychologues. Le défi consiste à garantir l'utilisation optimale de ces outils avant, pendant et après les Jeux. Nous devons également nous préparer à une éventuelle situation ou d’un signalement, par exemple de comportements inapproprié ou d'abus. Comme l'a montré notre test de gestion de crise, il sera crucial que l'implication du Welfare Officer au sein de l'équipe de crise se déroule de manière optimale afin de garantir à la fois la sécurité et le soutien nécessaire pour toutes les personnes concernées." 

Le professeur Paul Wylleman a déjà une expérience en tant que psychologue d'équipe lors des Jeux Olympiques de 2016 à Rio et de 2020 à Tokyo, et maintenant en tant que Welfare Officer. Quels défis voit-il encore pour lui-même en préparation pour Paris ? 

"Pendant la période qui précède le départ pour les Jeux, il y a évidemment encore des moments 'calmes'. Mais l'expérience m'a appris qu'à partir du moment où nous partons pour les Jeux, je dois me mettre dans un mode d’implication et d’engagement '24/7'. Une disponibilité permanente est donc essentielle pendant les Jeux eux-mêmes. La préparation pour les Jeux, telle que nous l'abordons maintenant, constitue certainement une bonne base pour la manière dont je pourrai fonctionner pendant les Jeux. Et bien sûr, le soutien à la maison est également important : ma femme, ma famille, mes amis et mes collègues de la VUB. Même si certains d'entre eux viennent à Paris, les chances que nous nous rencontrions sont très faibles. Et évidemment, je continue à travailler sur ma condition physique et mentale en allant régulièrement nager à la piscine municipale de Kontich ! Recevoir la question 'Que fais-tu en fait pour le Team Belgium ?' fait également partie du jeu. Mais comme vous l'avez remarqué, il est difficile de l'expliquer brièvement et clairement ! » 

Nous avons bien compris Paul. Nous te laissons vite partir pour ta prochaine séance de natation. À bientôt à Paris !